Selon le rapport annuel de l'organisation Article 18, publié le 19 février, au moins 166 chrétiens ont été arrêtés en Iran en 2023 à cause de leur foi, contre 134 l'année précédente.
Lundi 19 février, Article 18, ONG qui défend les intérêts des chrétiens persécutés et promeut la liberté religieuse en Iran, a publié son rapport 2024 intitulé "Victimes sans visage : violations des droits des chrétiens en Iran".
La date de publication de ce rapport n'est pas anodine, car elle coïncide avec l'assassinat du révérend Arastoo Sayyah, chrétien tué le 19 février 1979 dans le pays d'Asie. Ce drame étant le premier d'une longue série visant les chrétiens et en particulier ceux récemment convertis, sous la République islamique. Malheureusement, comme le montre ce nouveau rapport, la situation des chrétiens est toujours aussi difficile aujourd'hui.
Selon Article 18, au moins 166 chrétiens ont été arrêtés à travers le pays en 2023, contre 134 l’année précédente. L'organisation évoque des "arrestations par vagues" avec "seulement une poignée signalée avant juin, puis plus de 100 au cours des trois mois suivants, avant une nouvelle vague d'arrestations à Noël".
Le document précise en outre que "fin 2023, au moins 17 des chrétiens arrêtés au cours de l'été avaient été condamnés à des peines de prison allant de trois mois à cinq ans, ou à des peines non privatives de liberté telles que des amendes, la flagellation et, dans un cas, des travaux d'intérêt général consistant à creuser des tombes".
Les personnes distribuant des Bibles ou étant en possession de Bibles ont particulièrement été visées avec "plus d’un tiers des arrestations visant des individus en possession de plusieurs exemplaires". Le rapport note que neuf chrétiens ont été graciés et libérés de prison en 2023, en précisant toutefois que "la majorité était déjà proche de la fin de leur peine, qui était liée à la pratique pacifique de leur foi et n'aurait donc jamais dû être prononcée en premier lieu".
Selon Article 18, même après leur libération les chrétiens et leurs familles continuent de subir des pressions. Ils sont notamment victimes de harcèlement, se voient refuser des emplois et font bien souvent face à de nouvelles accusations. Une situation qui rend "de plus en plus difficile le maintien des chrétiens en Iran" et les poussent à fuir le pays, "seulement pour découvrir de nouveaux défis qui les attendent en tant que réfugiés".
En conclusion du document, l'ONG appelle l'Iran à libérer "immédiatement et sans condition" tous les chrétiens "détenus pour des accusations liées à leur foi et à leurs activités religieuses" et à "clarifier les endroits où les chrétiens de langue persane peuvent pratiquer librement dans leur langue maternelle, sans craindre d’être arrêtés et poursuivis".
Elle invite également la communauté internationale à veiller à ce que le pays soit "tenu responsable de tout manquement à ses obligations en vertu du droit international".
Camille Westphal Perrier